Hollande-Gayet : la presse mondiale
World press: Hollande-Gayet
Hollande-Gayet : ce qu'en dit la presse mondiale
Les médias européens se sont immédiatement emparés de la révélation, vendredi 11 janvier, par le magazine français Closer, d'une liaison prêtée au président français François Hollande avec l'actrice Julie Gayet, centrant leurs interrogations sur l'impact de cette affaire. Faute de détails croustillants ou de rebondissements, la plupart se contentent de rappeler les précédents chez les présidents français ou optant, notamment en Italie, pour une approche légère et people de cette liaison présumée.
HUMOUR BRITISH
A Londres, le site Internet de la BBC a bondi vendredi sur ces affirmations en les plaçant en dominante mondiale pendant quelques heures dans la matinée avant de les rétrograder en troisième titre international. Les journaux britanniques de samedi évoquent l'affaire en première page, même le très sérieux Financial Times(FT) qui, tout comme le Times, consacre à ces révélations un éditorial soulignant l'importance prise par cette affaire dans l'Hexagone. Le Times s'amuse à publier plus loin dans ses pages une sorte d'agenda fictif du président en franglais, intitulé « My Week », où celui-ci affirme : « Je suis le sexy, dirty chien ! » Le FT, qui publie une photo de l'actrice en première page, prend dans un éditorial la défense du président français, qui doit pouvoir « manger ses croissants en paix ».
Moins charitable, le Daily Telegraph affirme, lui, que M. Hollande « fait face à une nouvelle crise » : « Avec une impopularité record, la dernière chose dont le président socialiste a besoin est un autre scandale d'alcôve. (…) Les liaisons ne sont pas une nouveauté dans l'histoire des présidents français», relativise-t-il, le tout accompagné d'un dessin satirique.
AFFÄRE RIME AVEC LIAISON SENTIMENTALE
« Oh là là ! » : plusieurs médias allemands ont choisi cette interjection en français dans le texte comme accroche. Evoquant une « affaire d'Etat » – un jeu de mots, puisque Affäre en allemand signifie également « liaison sentimentale ». Le site Internet de Bild se sent toutefois obligé d'expliquer que « les Français sont particulièrement habitués aux frasques sentimentales de leurs présidents en exercice », en rappelant que Nicolas Sarkozy avait entamé une relation avec Carla Bruni après le début de son mandat, avant de l'épouser. Le quotidien économique Handeslblatt évoque quant à lui « la surprenante réaction unanime des hommes politiques français, qui condamnent la violation de la vie privée du chef de l'Etat », sans « essayer d'exploiter » politiquement l'affaire.
« C'est une tempête dans un verre d'eau », renchérit Jean-Jacques Jespers, expert belge des médias interrogé par La Libre Belgique : « C'est du ressort de sa vie privée, et de surcroît il n'est pas marié à Valérie Trierweiler (sa compagne), il n'y a donc pas d'adultère. » En Belgique, où Closer a été imprimé, on s'interrogeait sur cette maîtresse présumée, une quasi-inconnue à l'étranger.« François Hollande aurait une liaison amoureuse avec une actrice : qui est Julie Gayet ? », s'interrogeait en titre le site de la chaîne de télévision RTL-TVI. Citée dans La Libre Belgique, une avocate spécialisée dans le droit de la presse,Delphine Meillet, juge que Closer a « franchi un pas de plus ». La vie privée, pourtant très protégée par la loi française, « se réduit comme peau de chagrin », ajoute-t-elle, estimant qu'« il y a quelques années, ils ne se seraient jamais autorisés à le faire ».
La plupart des journaux espagnols ont placé vendredi soir le sujet en « une » ou très haut sur la première page de leur site Internet. El País titre : « L'annonce d'une liaison secrète énerve Hollande », ajoutant un lien qui renvoie à un article intitulé « Personne n'aime Valérie Trierweiler ». El Mundo consacre un portrait à l'actrice intitulé « Qui est Julie Gayet ? ». Avec sa photo en « une », le journal catalan La Vanguardia décrit « une femme de talent et discrète ».
Le premier journal italien, Il Corriere della Sera, ne diffuse qu'une galerie de photos sous le titre : « Hollande a une maîtresse. Les photos sur un site people », avant d'évoquer les différentes affaires de cœur de l'Elysée. La Stampa, rappelle que« la France, forte d'une ancienne tradition de libertinage, entre histoire, cinéma et littérature, s'est toujours montrée tolérante à l'égard des histoires conjugales et extraconjugales de ses présidents ».
VIE SENTIMENTALE « COMPLIQUÉE »
Outre-Atlantique, Time magazine publie un court article accompagné d'une photo de l'actrice et intitulé « Qui est Julie Gayet ? ». Le site de CNN publie un éditorial du Canadien Matthew Fraser, professeur à Sciences Po Paris, qui estime que les allégations de liaison « sont une distraction bienvenue » pour les Français et« pourraient même l'aider [le président] dans les sondages ».
Le New York Times écrit : « Une affaire ? La France hausse les épaules, mais le président demande le respect de la vie privée » dans un moment où « les atteintes à la vie privée sont particulièrement nombreuses », en références aux révélations d'Edward Snowden. Le quotidien rappelle ainsi que l'affaire, si elle est avérée, correspond bien à la vie sentimentale « compliquée » de François Hollande.
« Une » de « Closer » sur François Hollande : les réactions en France
Après la parution du numéro du magazine Closer évoquant la relation du chef de l'Etat avec la comédienne Julie Gayet, les réactions des politiques sur le « respect de la vie privée » et la responsabilité des médias s'enchaînent. S'exprimant en son nom propre et non en tant que président de la République, François Hollande a «profondément déploré les atteintes au respect de la vie privée auquel [il a] droit comme tout citoyen », ajoutant examiner « les suites, y compris judiciaires, à apporter ».
VIE PRIVÉE : UN PRINCIPE « SACRÉ »
« Il a parfaitement raison, je n'ai rien à ajouter à la déclaration qu'il a faite », a appuyé le premier ministre Jean-Marc Ayrault en marge d'un colloque sur lajustice à Paris. Un soutien partagé par le président socialiste du Sénat, Jean-Pierre Bel, au micro d'Europe 1 et la candidate socialiste à la mairie de Paris,Anne Hidalgo. Cette dernière a par ailleurs rappelé, sur BFM-TV, que « la vie privée est sacralisée dans le code civil ».
Pour le député européen Daniel Cohn-Bendit, c'est la publication des photos qui pose problème : « C'est dégueulasse. Tout simplement dégueulasse », s'est-il offusqué sur Europe 1.
TRIBUNE CONTRE LES MÉDIAS
De nombreuses personnalités ont dénoncé le rôle des médias, au premier rang desquels la présidente du Front national (FN), Marine Le Pen : « Si l'image est dégradée aujourd'hui, c'est à cause des médias qui révèlent cette liaison, jusqu'à nouvel ordre », a fustigé l'eurodéputé à l'antenne d'i-Télé, tout en affirmant soutenir le président dans sa démarche, puisqu'elle est « pour le respect de la vie privée pour tout le monde ».
Depuis la Chine, la ministre de la réforme de l'Etat, Marylise Lebranchu, a déploré l'évolution vers le « people », en relevant la responsabilité partagée des médias et des élus. « Je pense qu'il faut qu'on arrête. Il y a un moment donné où il faudra que les journalistes eux-mêmes, ou les médias eux-mêmes, disent : stop! », a-t-elle souligné.
Quant au vice-président du FN, Florian Philippot, et à l'ancienne ministre Christine Boutin, ils s'offusquent, sur leurs comptes Twitter respectifs, que cette affaire occulte les autres actualités :
« IL FAUT VRAIMENT DÉDRAMATISER »
Interrogé par LCI et Radio Classique vendredi, le premier secrétaire du PS,Harlem Désir, s'est de son côté refusé à commenter l'article, estimant que cela n'appartient pas à la vie politique et qu'il « doit y avoir un respect de la personne privée et aussi de la fonction présidentielle ».
Même agacement pour le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, invité de RTL, qui s'est insurgé sur le fait qu'on puisse l'interroger sur le sujet. Face à l'insistance de Jean-Michel Aphatie, le ministre s'est offusqué : « Je ne suis pas sûr qu'il s'agisse d'une forme de journalisme. »
Face à la polémique suscitée, Laurence Piau, directrice de la rédaction du magazine Closer, a estimé au micro d'Europe 1 qu'il fallait « vraimentdédramatiser autour de ces images » car François Hollande est « un président normal, une personne normale. C'est un président qui a un coup de cœur et une histoire ».