L'atmosphère est feutrée. Aucun slogan crié, aucun défilé. Beaucoup, parmi les hommes et très rares femmes présents, manifestent pour la première fois. Les représentants syndicaux seuls ont droit à la parole. Quant au mot d'ordre, il tient en une banderole : « Sauvegardons l'emploi français ».
Ce que réclame cette paisible assemblée dont la mobilisation cloue au sol depuis neuf jours avions et passagers ? L'annulation pur et simple du projetTransavia Europe, qui prévoit d'ici à 2015 un déploiement à l'échelle du continent de la filiale low cost d'Air France. Dans cette structure, pilotes, hôtesses, stewards, et personnels au sol des nouvelles bases ouvertes au Portugal et en Allemagne seraient embauchés selon les standards locaux. Une disposition inacceptable pour les syndicats, inquiets du « dumping social » engendré par ces hypothétiques nouveaux contrat de travail.
« Comment les avions d'Air France pourront-ils encore arborer sur leur queue le drapeau bleu-blanc-rouge si la compagnie recrute des employés étrangers ? A ce train-là, on va finir comme la marine marchande, sans équipage français », s'indigne un pilote de 38 ans, membre du SNPL. Comme d'autres, il arbore, noué autour des épaule, une marinière Armor Lux, symbole du « made in France ».