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10 bonnes raisons de regarder le rugby

10 good reasons to watch the World Cup

 

www.lemonde.fr   Par 

Si vous n’aimez pas le rugby, bon courage : c’est parti pour quarante-quatre jours de frénésie ovale, de plaquages, de mêlées, de drops, de débats sur la composition de la charnière des Bleus, de polémiques sur l’arbitrage et de références abusives aux « valeurs », le tout, avec l’accent du sud-ouest. La huitième édition de la Coupe du monde de rugby débute vendredi à 21 heures par un alléchant Angleterre - Fidji à Twickenham, le stade de la banlieue de Londres qui accueillera aussi la finale, le 31 octobre. En attendant le coup d’envoi, voici pour quelles raisons même les plus réfractaires à l’Ovalie auront intérêt à garder un œil sur le spectacle.

Pour voir l’Angleterre, à domicile, disparaître dès le premier tour. Ah ça, on ne pourra pas reprocher au pays hôte d’avoir traficoté le tirage au sort de sa Coupe du monde, puisque les Anglais ont atterri dans le même groupe que l’Australie, le Pays de Galles et les îles Fidji (et l’Uruguay aussi, mais c’est moins grave), à savoir le groupe A, à savoir le groupe de la mort, dont le vainqueur mériterait déjà un trophée. Le XV de la Rose possède une réelle chance d’être sacré champion du monde le 31 octobre à Twickenham. Il possède aussi une réelle chance d’y être éliminé le 3 octobre, à l’issue de son match face aux Australiens. Franchement, quand on est français et quand on aime le sport, y a-t-il plus jouissif que de voir les rugbymen anglais en déroute ? Pas sûr.

Pour voir l’équipe de France éliminer la Nouvelle-Zélande, comme d’habitude. Le tableau du tournoi est ainsi fait : le deuxième du groupe D affrontera en quarts de finale le premier du groupe C, samedi 17 octobre. Or, les Bleus s’apprêtent à finir seconds du groupe D derrière l’Irlande, victorieuse des deux dernières éditions du Tournoi des six nations, et ce ne sont pas l’Argentine ou les Tonga qui empêcheront la Nouvelle-Zélande de sortir en tête du groupe C. La meilleure équipe de la planète risque fort de figurer au menu des quarts pour la France qui, sans qu’on ne comprenne bien par quel miracle, martyrise systématiquement les All Blacks en Coupe du monde (voir la demie de 1999le quart de 2007 et même la finale de 2011). Franchement, quand on est français et quand on aime le sport, y a-t-il plus jouissif que de voir les Bleus écœurer la Nouvelle-Zélande ? Pas sûr.

Pour suivre l’aventure de ce parieur audacieux (ou taré, comme vous voulez) qui a misé 50 000 dollars néo-zélandais (28 000 euros) sur un sacre des Blacks le 31 octobre, pari qui lui rapportera 2,25 fois la somme s’il s’avère gagnant. La Nouvelle-Zélande, tenante du titre, est certes l’immense favorite, mais notre parieur semble avoir oublié ces deux leçons que l’histoire de la Coupe du monde de rugby nous enseigne : aucune équipe ne conserve jamais son titre, et les All Blacks, champions du monde à domicile en 1987 et en 2011, sont incapables de gagner loin de chez eux. La faillite de la Nouvelle-Zélande face à la France entraînera celle du joueur imprudent, et une belle leçon de morale : il n’y a pas d’argent facile.

Pour découvrir ce que le XV de France aura inventé comme réponse au haka néo-zélandais. En quarts de finale en 2007, vêtus de t-shirts bleus, blancs et rouges, Chabal et Cie formaient un drapeau français humain, bras dessus, bras dessous, à un mètre des All Blacks (oh là là, les frissons). Quatre ans plus tard en finale, les Bleus s’étaient disposés en V derrière le capitaine Thierry Dusautoir, et s’étaient mis à avancer en plein milieu du Kapa O Pango (oh là là, la chair de poule).  Et cette année ? On les aurait bien imaginés plantés dans la pelouse tels des statues, mains dans le dos ou sur les hanches, refusant de bouger avant les Néo-Zélandais. Mais le Pays de Galles l’a déjà fait en 2008 (oh là là, les frissons de poule).

Pour s’amuser en voyant refleurir les « bingos Christian Jeanpierre » aperçus en 2011, ces grilles moquant les phrases toutes faites de celui qui commentera la Coupe du monde sur TF1 aux côtés de Bernard Laporte. On aura aussi l’occasion de s’amuser devant le spectacle des commentateurs en difficulté face aux noms des joueurs des îles du Pacifique. Le Fidjien Dominiko Waqaniburotukula, par exemple.

Pour la dernière de Richie McCaw, qui prendra peut-être sa retraite au lendemain du tournoi. Le capitaine néo-zélandais (34 ans), recordman du monde du nombre de sélections en équipe nationale (142), a beau nous agacer depuis quinze ans à force de provocations et de trucages, son génie, sa hargne et son oreille gauche en chou-fleur manqueront au rugby quand il ne sera plus là.

Bon courage pour l'envoyer entre les poteaux, celui-là.

Bon courage pour l'envoyer entre les poteaux, celui-là. GABRIEL BOUYS / AFP

Pour être les premiers à voir les rugbymen de Namibie gagner un match en Coupe du monde, bonheur que les Welwitschias – tel est leur surnom – n’ont jamais connu en cinq participations. Malheureusement, un coup d’œil aux autres équipes du groupe C suggère que ça ne sera peut-être pas encore cette fois-ci : Nouvelle-Zélande, Argentine, Tonga, Géorgie. A la réflexion, il semble plus probable que la rencontre face aux All Blacks ne soit l’occasion d’assister à la plus grosse raclée de l’histoire de la Coupe du monde, mieux que le 142-0 infligé en 2003 par l’Australie… à la Namibie. Ce qui est aussi une bonne raison de la regarder.

Pour la voix chevrotante de Philippe Saint-André, que l’on n’entendra plus après la Coupe du monde, lorsque Guy Novès lui aura succédé. Le sélectionneur du XV de France donne souvent la curieuse impression d’être au bord des larmes lorsqu’il s’exprime face à la presse :

Parce que la Coupe du monde, selon nos informations, rassemble les meilleurs joueurs de la planète, et qu’on devrait se régaler des fulgurances de Jonathan JosephMetuisela TalebulaBryan HabanaIsraël Folau ou Gaël Fickou. Maintenant, si vous préférez, le championnat de France continue pendant la Coupe du monde, et le week-end des quarts de finale du Mondial sera aussi celui d’un petit Agen - Bordeaux-Bègles des familles en Top 14. C’est vous qui voyez.

Parce que si vous n’êtes pas initié, vous allez découvrir le champ lexical fleuri du rugby, dont on a tendance à sous-estimer l’apport pourtant essentiel à la langue française. Par exemple, sans le rugby, le mot « destroncher » n’existerait sans doute pas. Merci le rugby.