Usine Armor-Lux, Quimper, Finistère. Sous la houlette d'un employé, un groupe de vacanciers se balade entre les métiers à tricoter et les cuves à teinture. C'est ici qu'est fabriquée la fameuse marinière en coton rayé qu'arborait, en 2012, l'ex-ministre du redressement productif Arnaud Montebourg, autoproclamé égérie du made in France. Les touristes s'intéressent à l'origine du coton, à l'aspect environnemental, à la politique sociale de l'entreprise.
« Ces visites d'usine gratuites, inaugurées il y a dix ans, sont une opportunité pour faire connaître notre marque, notre savoir-faire, notre histoire liée à celle de la Bretagne, mais aussi de valoriser le travail de nos salariés », explique Michel Guéguen. Et le directeur général d'Armor-Lux d'ajouter : « A notre façon, nous participons à la promotion du pays de Quimper et de Fouesnant, surtout les jours de pluie ! »
Né dans les années 1980, avec des entreprises comme la distillerie Cointreau à Saint-Barthélemy-d'Anjou dans le Maine-et-Loire, la parfumerie Fragonard à Grasse dans les Alpes-Maritimes ou la coutellerie de Laguiole Honoré Durand en Aveyron, le tourisme industriel a maintenant le vent en poupe. Ces dix dernières années, d'autres usines se sont ouvertes au public, ponctuellement ou à l'année. On peut désormais découvrir en direct comment sont fabriquées les bottes Gardiane en Camargue, les enveloppes Pocheco dans le Nord, le savon de Marseille du Fer à Cheval dans les Bouches-du-Rhône ; les coulisses du barrage de la Rance en Ille-et-Vilaine, les ateliers d'Airbus à Toulouse-Blagnac en Haute-Garonne.
Des visites - gratuites ou entre 3 et 10 € par personne - qui finissent par participer autant à la découverte d'une région que ses paysages ou sa gastronomie. Pour réserver, il faut souvent contacter les sociétés directement. Mais certaines chambres de commerce et d'industrie servent de médiateur. Celle du Finistère, par exemple, aide ses adhérents à concevoir des parcours de découverte interactifs évitant l'écueil de l'espionnage industriel.
13 millions de visites en 2014
Depuis 1998, elle édite aussi le guide annuel Les secrets de nos boîtes, diffusé dans les principaux sites touristiques. Le comité régional du tourisme du Nord-Pas-de-Calais finance, de son côté, la formation de guides polyvalents, capables d'intervenir sur plusieurs sites industriels. Envie de ne pas bronzer idiot ? Désir de mieux connaître les produits qu'ils achètent ? Nostalgie d'un savoir-faire attaché à un terroir et menacé par la mondialisation ? Les motivations des visiteurs sont multiples. Et le succès est au rendez-vous.
En 2014, ils ont été 13 millions à s'inviter dans 5 000 entreprises françaises. « Ce sont des vacanciers, venus d'autres départements ou de l'étranger, mais aussi des locaux, citoyens engagés qui veulent découvrir leur région sous d'autres aspects et participent autrement à l'économie touristique », remarque Adeline Haspeslagh, responsable à l'Office Angers Loire tourisme de la manifestation Made in Angers, qui ouvrira 140 entreprises au public lors de sa 16e édition, en février 2016.
« Bien sûr, personne ne vient en Provence ou en Bretagne exclusivement pour visiter une distillerie ou une biscuiterie. Mais ce type d'expérience complète la découverte d'un territoire et répond au désir des nouveaux consomm'acteurs », renchérissent Cyrielle Durand et Laurent Drapeau, cofondateurs de Comptoirdesentreprises.com. Leur site répertorie 1 200 entreprises et ateliers d'artisanat ouverts à l'année et permet de réserver en ligne ses visites. Alors, prêt à pointer à l'usine aux prochaines vacances ?