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Le retour des Eagles of Death Metal

Rock group returns

 

Que le spectacle soit. Et le spectacle fut. Et comment !

Les Eagles of  Death Metal sont revenus à Paris, le mardi 16 novembre, pour "terminer le concert", sauvagement interrompu par trois terroristes, il y a trois mois. C’est l’Olympia qui a accueilli le groupe de rock californien et 900 rescapés, ainsi que des proches des 90 victimes du 13 novembre et d’autres spectateurs venus là par soutien.

La soirée commence dans une calme fébrilité. Les camionnettes de police et des barrières métalliques balisent toute la façade de la mythique salle de spectacle. Il faut passer quatre barrages de contrôles menés par des costauds : vérification des places et pièces d’identité, ouverture des sacs et manteaux. Passage au détecteur de métaux. Puis re-contrôle des places et des sacs, jusqu’au fond du barda. Et, enfin, la palpation : femmes d’un côté, hommes de l’autre. Une armada sécuritaire destinée à rassurer les spectateurs, traumatisés.

Prêts à intervenir, 25 psychologues sont sur place, arborant des badges.

Le groupe déboule sur scène. En fond sonore, Jacques Dutronc chante "Il est cinq heures, Paris s’éveille…"

La première partie décontracte la salle. Un bon quart d’heure passe et les mâchoires se décrispent, les têtes commencent à dodeliner.

Le public vire à l’extase. Le parquet se met à tanguer, les verres de bière se renversent dans les manches, le houblon coule le long des bras, tout le monde oscille, pogote, des mains se lèvent, l’index et l’auriculaire levés vers le ciel, signe de ralliement des rockeurs.

Le groupe ne jouera pas "Kiss the Devil"la chanson interrompue par les rafales. "Cette chanson est morte, comme les personnes".

Quand le concert s’achève alors que personne ne le souhaite, le bonheur est teinté de douleur. Des spectateurs se prennent dans les bras, des hugs à l’américaine. Des yeux sont embués. A la sortie de la salle, une jeune femme est en larmes dans les bras d’une amie. Le concert s’est bien terminé pour eux tous, mais il ne sera jamais achevé pour les 90 personnes fauchées dont l’âme a plané au-dessus du public.

Cécile Deffontaines http://tempsreel.nouvelobs.com/