Malgré un cadre légal d'indemnisation adopté en 2010 avec la loi Morin, les ravages des retombées radioactives perdurent. Un surnombre de leucémies atypiques et de cancers de la thyroïde en Polynésie française ont été identifiés par des médecins. Bruno Barrillot, ancien délégué aux conséquences des essais nucléaires, estime qu'il y a 9000 personnes atteintes de «maladies radio-induites». En 2013, François Hollande avait fait un premier geste en déclassifiant 58 documents confidentiels, après avoir formulé des engagements ambitieux pendant sa campagne, notamment sur le volet des indemnisations. Après avoir fait le constat que seule une vingtaine de dossiers (sur 1000) a donné lieu à des indemnisations, François Hollande a ajouté lundi qu'il fallait «faire accéder de nouvelles victimes à l'indemnisation».
Il a par ailleurs annoncé la création d'un Institut d'archives et de documentation «afin que la jeunesse polynésienne n'oublie pas cette période de notre histoire» ainsi que le financement du centre hospitalier de Tahiti à hauteur de 700 millions de francs Pacifique (environ 6 millions d'euros).
Des réparations et «un droit à l'égalité»
Enfin, le président de la République a annoncé que «la dotation globale d'autonomie, qui est souvent appelée dette nucléaire, sera sanctuarisée dans le statut de la Polynésie française et son niveau rétabli à plus de 90 millions d'euros dès 2017». Avant d'ajouter: «Vous avez droit à des réparations mais surtout à l'égalité.»
François Hollande était attendu de pied ferme lors de cette visite par les élus locaux et les représentants des associations, notamment de victimes. Une pétition pour la reconnaissance du fait nucléaire, lancée par l'association chrétienne 193, a recueilli près de 35.000 signatures. Cette même association avait invité les Polynésiens à défiler sur le parcours du chef de l'État et on attendait, à Papeete, que François Hollande demande pardon, au nom de la France, aux Polynésiens victimes des retombées radioactives.
En 2008, de nombreux parlementaires socialistes devenus ministres aujourd'hui avaient signé la proposition de loi de Christiane Taubira sur la reconnaissance et l'indemnisation des victimes des essais ou accidents nucléaires. Le texte prévoyait la création d'un fonds d'indemnisation des préjudices pour les victimes de «rayonnements ionisants» ou à une contamination due aux essais nucléaires effectués entre 1960 et 1996. Mais cette proposition n'a jamais été votée.