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Cyclotourisme

Bicycle touring

 

Cyclotourisme : le grand come-back des voyages à vélo

Par Bérénice Debras

Rajeuni, relooké, doté de nouveaux parcours, le cyclotourisme est le nouveau mode de voyage à la page. La bicyclette retrouve sa couronne de « petite reine ». Le Maillot Jaune n’a qu’à bien se tenir !

Ringard le cyclotourisme ? Que nenni ! Ça roule plutôt bien pour lui. Hier considéré comme poussiéreux, voire carrément démodé, il arrive dans le peloton de tête des nouvelles tendances de voyage. Ce sacré coup de pédale est en partie dû aux hipsters - beaucoup au développement des pistes cyclables et à l’envie grandissante d’un slow tourisme. Après avoir arrondi leurs mollets sur leur fixie (vélo à pignon fixe), les hipsters ont pris la clef des champs pour (enfin !) frotter leur chemise de bûcheron à la nature. En chemin, ils ont changé de vélo et posé leur attirail de camping dessus (tente, couverture de survie, gamelles, imperméable et chambre à air…) pour une autonomie totale. Le « bikepacking », fusion d’une randonnée en deux-roues et du camping, fait déjà fureur aux États-Unis. Les sites Internet se multiplient comme www.bikepacking.comyonderjournal.com, ou encore theradavist.com.

Vent de liberté

« Le bikepacking est un mouvement en plein essor qui attire de plus en plus de citadins. À Paris, des jeunes couples de 20 à 25 ans, des quadragénaires triomphants et des retraités s’y sont mis. Ces derniers vont vendre leurs clubs de golf pour s’offrir un vélo et l’équipement complet. Le vélo est moins traumatisant pour le corps que la course à pied. C’est physique mais aussi thérapeutique. À vélo on se sent libre, on ne fait plus qu’un avec la nature, on ressent tous les éléments : le soleil, la pluie, l’humidité », explique Marc Schmitt. Frisettes poivre et sel et yeux bleu, ce street artist (connu sous le nom de « Sich ») a lancé en 2011 la revue trimestrielle Steel. Tirée à 20.000 exemplaires, elle est dédiée au vélo et à son lifestyle en général. Son dernier numéro fait la part belle aux bikepackers épris d’une folle liberté sur les routes les plus insolites.

Un art de vivre

En continuation de son magazine, Marc Schmitt a ouvert en 2015 Steel Cyclewear & Coffeshop à Paris. Dans ce café et magasin d’accessoires pour vélo, Jules essaie sa tenue pendant que Julie savoure son petit noir accompagné d’un gâteau de chez Amami, avant de choisir son kit de cycliste. L’adresse est déjà devenue le point d’arrivée (ou de départ) de certains. Un Américain et son fils sont directement venus de l’aéroport Charles de Gaulle à la force de leur mollet, sur leur vélo, avant de continuer sur la Normandie ! Le lieu fait écho à tous les cafés-vélos qui ont fleuri ces dernières années de Lyon (La Bicycletterie) à Paris (La Chouette) en passant par Montpellier (W Ville & Vélo) pour ne citer qu’eux.

À la pointe de la mode même à vélo

L’engouement du vélo (de route, de piste, urbain, pignon fixe…) passe aussi par la mode. Aux tiroirs le maillot jaune ! Steel, toujours, propose des marques pointues comme MAAP, imaginée en Australie qui connaît un véritable boom du cyclewear. D’ici à ce que les surfeurs du down under troquent leur planche contre un deux-roues, il n’y a peut-être qu’une vague ou deux. Petite marque française (malgré son nom), Warsaw Cycling est le bébé de deux « avaleurs » de kilomètres en deux-roues. Pas même trentenaires, Charlotte Sieradzka et Sven Soljacic, ne trouvant pas de tenue à leur convenance, ont décidé de dessiner et fabriquer leur propre ligne de vêtements. Résultat : des compositions florales et géométriques, des couleurs funky, déclinables pour les deux sexes, que l’on porterait même sans être cycliste. Aujourd’hui, ils vendent en ligne jusqu’au Japon, autre pays amoureux du vélo. Pour preuve, dans la préfecture d’Hiroshima, l’hôtel Onomichi U2 offre un check-in à vélo et la possibilité de dormir avec son deux-roues dans sa chambre !

Des circuits tout compris

Parmi les sites de référence dans les kits de cyclisme, Rapha dessine des collections depuis 2004. La marque décline aussi des parcours à vélo encadrés par des mécaniciens, des masseurs (!) et des voitures. À la clef, le soir, de bons hôtels et de bons repas. En deux mots, l’effort dans le luxe – autrement dit plus proche du cyclotourisme que du bikepacking.

Hors du circuit pro, la petite reine est pour les bons vivants. Elle entraîne un certain art de vivre. En France, Terres d’Aventure, spécialiste du voyage à pied, a bien senti le vent tourner en faveur du deux-roues. En octobre 2015, l’agence a repris Rando Vélo, le pionnier des circuits à vélo sur la Loire depuis trente ans qui fait pédaler des clients à 80% étrangers. Terres d’Aventure renforce ainsi son offre vélo, déjà bien étayée depuis 2014.

« Le vélo s’inscrit dans une dynamique de vacances actives et d’activités physiques. En selle, on parcourt facilement 30 à 50 kilomètres par jour, donc on peut découvrir beaucoup plus d'une région ou d'un pays qu’en randonnée. À cela, s'ajoute un côté ludique pour les familles, les enfants étant en vélo suiveur ou dans une remorque. Ce type de voyage se prête à un mélange d’activités sportives avec des temps d’arrêt autour de la gastronomie, de visite de châteaux ou de baignade », avance Eric Balian, directeur général de Terres d’Aventure. Là encore, tout est fait dans un certain confort : les bagages suivent en voiture et on a l’assurance d’un lit douillet le soir – que ce soit pour des séjours en itinérance, en étoile (même hôtel tous les soirs) ou en boucle. La France, bien sûr, est à l’honneur. « On suit l’évolution des infrastructures des voies cyclables qui doivent compter d’ici 2020 près de 20.000 kilomètres, reprend Eric Balian. Les collectivités locales sont très demandeuses : un touriste à vélo dépense plus qu’un touriste en voiture. » Outre la France, le catalogue de Terres d’Aventure s’élargit aujourd’hui à une centaine de voyages à l’étranger avec, entre autres, le Sri Lanka et la Nouvelle-Zélande.

Pour s'entraîner

La sixième édition d'Anjou Vélo Vintage visait à faire découvrir la région, en tenue rétro, sur des bicyclettes datant d’avant 1987.

Avant de se lancer si loin, on peut s’entraîner le temps d’un week-end. Parmi les Véloroutes de France, la Loire à Vélo déroule plus de 800 km de routes balisées et sécurisées traversant six départements. Sans surprise, Anjou Vélo Vintage aime les parcourir. Sa sixième édition, en juin dernier, visait à faire découvrir la région, en tenue rétro, sur des bicyclettes datant d’avant 1987, sans changement de vitesse fixé au guidon, ni cale-pied automatique. « C’est une manifestation hors du temps et très conviviale », remarque Isabelle Montanier, directrice de Loire Evénement Organisation, en charge de la manifestation. Différents parcours de 30, 40 et 60 kilomètres permettent de découvrir des sites exceptionnels comme l’abbaye de Fontevraud, Montsoreau ou encore des villages de mariniers, des sites troglodytes et des domaines viticoles. Le tout en savourant, à chaque étape, des ravitaillements de brioches locales, de bons vins et de bulles (oui, oui !).

Slow tourisme

« L’engouement pour le vélo est très fort en ce moment. C’est peut-être dû à l’époque où tout va très vite, donc on a besoin de se rattacher à quelque chose. Un journaliste m’a dit que cette manifestation permettait de renouer avec l’amour pour la France. On redécouvre notre territoire en vitesse lente tout en s’émerveillant de sa beauté. » Anjou Vélo Vintage a inauguré cette année un parcours de 130 km. « Le départ était à 8 heures du matin. Le premier cycliste est arrivé à 12h20 et le dernier à 18 heures. Il y a tous les niveaux. Certains, m’ont dit les hôteliers, dormaient avec leur vélo dans la chambre ». Il ne vous reste plus qu’à noter la prochaine date dans vos agendas : la prochaine édition aura lieu du 24 au 27 juin 2017. D’ici là vous aurez tout le temps de vous préparer – ou de regarder le Tour de France.