« On y dort, on y mange, on s’y lave, on s’y sent à l’abri, bref, c’est un peu comme si on organisait sa propre bulle sanitaire », relève « Cette année, en plus des seniors, on a beaucoup de jeunes et des couples avec des enfants », remarque-t-il.

Fred et Marie, parents de deux ados, en sont. « Il n’y avait pas que le Covid dans notre choix, explique Fred, on voulait goûter une forme de tranquillité, être moins serrés, renouer avec la pleine nature », explique cet enseignant. Il a sauté le pas en février. Avec un couple d’amis, il a craqué pour un gros van tout-terrain. « On se le prête à tour de rôle, le reste du temps on le loue sur Leboncoin.  Contre toute attente, ses deux ados ont adhéré ; l’un s’est mis à la pêche, l’autre au modélisme avion. « L’unique condition qu’ils ont posée, c’est d’aller là où le portable capte bien », sourit leur père.

Ces néo-camping-caristes, qui souvent déboulent la veille pour le lendemain, Martine, la patronne du camping 5 étoiles le Jardin de Sully, a mis du temps à les apprivoiser. « À la différence de nos habitués qui recherchent les parties de boules ou l’apéro avec le voisin, ils restent dans leur coin. Ils participent peu aux animations. Quand ils arrivent, c’est le coffre déjà rempli de courses, ils fonctionnent à l’économie, ils veulent un maximum de services pour un minimum de prix, décrit la professionnelle. C’est également une clientèle assez volatile qui n’aime pas qu’on lui casse les pieds. Si cela plaît aux enfants, ils restent trois ou quatre nuits, sinon ils plient bagage. »

« J’aime ou je me casse », c’est exactement comme cela qu’Éloïse conçoit ses virées à bord de son vieil utilitaire Fiat qu’elle a retapé. Cette étudiante en design à Paris l’a aménagé pour 3 francs 6 sous : un matelas fixé sur un contre-plaqué, quelques étagères. « Cette roulotte, c’est mon plan B, en cas de coup de blues. Ce ruban de bitume, c’est comme une parenthèse qui s’ouvre, comme si tout devenait possible », lance-t-elle, en faisant démarrer le moteur toussotant de son vieux Fiat, son jardin d’Eden.