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Le Baby-foot

Table soccer

 

Le baby-foot ou babyfoot est un football de table, inventé simultanément en France et en Allemagne dans les années 1880-1890, qui se joue généralement à deux équipes de deux et parfois à un contre un.  Considéré comme sport à part entière par grand nombre de ses pratiquants, ceux-ci tentent actuellement d'être reconnu par le Comité international olympique. 

Mais la semaine dernière, en France, les Etats-Unis sont devenus champions du monde de baby-foot . De quoi reveiller les vieux souvenirs de memorable parties de baby-foot animant les arrières-salles des bars.

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take lessons, take a class with Shelley,  learn French !

Voici un des souvenirs: (Attention! It does have some slang)  Les Etats-Unis sont devenus champions du monde de babyfoot la semaine dernière. Franchement, ça m’a fichu un coup. Ça m’a gâché mon week-end de Coupe de France de football, la bataille en H Cup pour savoir qui empocherait la recette des quarts en allant jouer au rugby qui à Barcelone, qui à Saint-Sébastien. Ce n’est pas tellement que je n’aime pas les Amerloques, au contraire, mais une victoire de la Hongrie contre la France en handball ne m’aurait pas autant décontenancé. Penser qu’au pays du Big Lebowski des types ont créé des centres d’entraînement off shore, importés des Bonzini, pour nous humilier chez nous, à Nantes, cela me file les jetons. Et d’ailleurs, poignées longues ou poignées courtes ?

Il n’y a pas si longtemps, quand on pouvait fumer dans les bars et rester des après-midi entiers dans le bistrot en ne consommant que du café et quelques Stella froides, en comptant nos francs déduits des allocs entre deux jobs de cadre à prendre ou à laisser, il me semblait que notre avance en souplesse du poignet et torsion de la barre d’attaque nous laisserait des décennies d’avance sur la concurrence mondiale. Puis, vous connaissez la suite, on a changé la taille de la fente, on est passé à l’Euro. Après cela, on a dévissé les cendriers qui encadraient la cage du gardien. Inévitablement, après un temps, la tasse de kawa a passé les 7 francs convertibles et la bière a moussé à 10. Beaucoup de nos champions se sont alors tournés vers leur sponsor : le patron du bar.

- Dis-donc Boulie, file nous les clés du babe… Allez ! Sinon on va perdre la main.

- Macache. Déjà vous buvez à deux à l’heure, vous laissez plus de peaux de cacahuètes par terre que de pourboire et vous gênez mes nouveaux clients qui viennent prendre leur capuccino de quatre heures et demie avec leurs enfants à la sortie de la crèche. Le bruit de la gamelle effraie les gosses.

C’était écrit. Petit à petit, faute de joueurs, les babys ont été dégagés des cafés. Et là, un beau soir, on est rentré chez Roger et à la place du baby, on a trouvé une table de mixage derrière laquelle un jeune blême, la tête sous un bonnet, mixait des CD d’électro ambiance « lounge », avec des stagiaires habillés genre prêt-à-porter sirotant des cocktails de fruit rouge drainant devant un comptoir illuminé comme un semi-remorque béatifié roulant la nuit entre Lisbonne et Séville.

Ni une ni deux, on s’est dit qu’il a fallait être propriétaire de notre bécane. On a appelé la maison mère Bonzini, sise à Bagnolet, et on a demandé les prix. De plus de 2 000 € à 3 000 selon la personnalisation de notre terrain, des joueurs, des poignées, les couleurs du coffre et vas-y ! Je ne te parle pas de la version compète ! Déception terrible. On s’est regardé dans notre studio (on vit en collocation) et je sais plus qui a dit : « Bon, de toute façon, faut se faire une raison, il ne serait pas rentré dans la pièce. »

Puis, c’est vrai, aussi parce que la vie nous a amené à bosser de droite et de gauche, on a chacun eut sa piaule, une nana aussi, des fois. Je ne me souviens plus qui a commencé mais on a découvert par dépit les avantages de la Playstation. A tous points de vue. Moins chère qu’un babyfoot, elle rentre au fond du pieux, on peut jouer seul en fumant (même des joints) et en picolant tout son saoul. On s’est mis à jouer en réseau. Vers 40 ans, l’ancienne équipe de chez Boulie avait des cales au bout des doigts à force de branler le bâton-qui-fait-jouir ( joystick ). Au boulot, certains fayots nous faisaient remarquer qu’on avait des yeux de lapins ukrainiens lors de la réunion stratégique du lundi matin. On expliquait pourquoi : refaire les matchs du week-end après « l’Equipe du Dimanche » ça mordait sur notre capital sommeil. Un autre lundi, on ne s’est pas réveillé. On a été licenciés économique. On s’est retrouvé chez Boulie pour discuter de tout ça, comme au bon vieux temps. Boulie, a vendu son bar lounge à Starbuck et fait désormais saucisson-fromage et verre de rouge pour moins cher qu’un demi-café. Faut dire qu’il a une « Licence II » à Gennevilliers maintenant. C’est moins bondé que le canal Saint-Martin.

Pourtant, on n’était pas plus tristes que ça, parce que tout d’un coup, on était tous ensemble. Comme avant. Et là, je me rappelle, Boulie nous a tendu « Le Parisien » ouvert. Les yeux rivés sur la double page on a lu presque à voix haute : « Un Français de 13 ans champion du Monde de Playstation Fifa 10. » Alors là, on a bien compris que le nouveau jeu allait consister à courir après notre retraite, ce qui allait occuper tout ou partie de nos nuits blanches. Jusqu’à ce qu’un américain brandisse le trophée mondial de babyfoot l’autre dimanche. Ce matin, on s’est appelé et nous avons décidé, presque sans nous concerter, que pour arriver à nous regarder en face, il nous fallait un nouveau challenge. Direction l’Amérique. Avec nos poignées d’amour, on va se mettre au bowling quelque part dans le Mississippi. Big Lebowki, prend garde à toi.