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Gagarinomania

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La Russie atteinte de gagarinomania

Salves de canon, feux d'artifice, ouverture d'un site Web, distribution de médailles : la Russie a mis les petits plats dans les grands pour célébrer, mardi 12 avril, le 50e anniversaire du vol de Youri Gagarine, le "Christophe Colomb" de la conquête spatiale. "Nous sommes tous les enfants de Youri Gagarine", a rappelé Jean-Jacques Dordain, le directeur de l'Agence spatiale européenne, convié au Kremlin avec la famille élargie des spationautes - l'Américain Thomas Stafford, les Français Jean-Loup Chrétien, Claudie Haigneré et bien d'autres - pour commémorer l'événement. La veuve du héros, Valentina Gagarina, était aussi parmi les invités.

Une fois n'est pas coutume, cette année, la "Journée du cosmonaute" était internationale. On a même vu la maison de ventes Sotheby's, à New York, adjuger une vieille capsule spatiale Vostok 3KA-2 pour 2,88 millions de dollars (1,98 million d'euros) ! Proposée aux enchères en 1996 pour un prix de départ de 800 000 dollars, la capsule n'avait pas trouvé preneur. Ce 12 avril, elle est partie en un clin d'oeil. Son nouvel acquéreur, Evgueni Iourtchenko, PDG du fonds d'investissement AS Popov, compte la restituer aux musées nationaux. Il faut dire que la sphère, un alliage d'aluminium cabossé, est historique. C'est elle qui a ouvert la voie à l'exploit de Gagarine en envoyant dans l'espace, le 15 mars 1961, un mannequin de carton, Ivan Ivanovitch, ainsi que le chien Zviozdotchka (Petite Etoile). Mission accomplie, le chien eut l'heur de survivre, Gagarine pouvait suivre.

C'est dans un vaisseau similaire, le Vostok 1, que le jeune lieutenant décolla du cosmodrome secret de Baïkonour (Kazakhstan) le 12 avril 1961 à 9 h 07, pour une rotation réussie de 108 minutes autour de la Terre. L'événement reçut un accueil enthousiaste de la population soviétique, tout juste sortie des horreurs de la seconde guerre mondiale (27 millions de morts) et marquée par les purges staliniennes des années 1930. C'était l'époque du dégel voulu par le fossoyeur de Staline, Nikita Khrouchtchev, l'époque d'une folle croyance en "l'avenir radieux".

Valia, 74 ans, s'en souvient : "C'est grâce à Gagarine, notre petit gars de Smolensk, que nous avons été les premiers, avant les Américains ! C'était le bon temps, les magasins regorgeaient de vivres. C'est à ce moment-là que, pour la première fois de ma vie, j'ai mangé une banane", raconte cette Moscovite, infirmière à la retraite. Pas étonnant que Youri Gagarine soit aux yeux des Russes "la personnalité la plus attrayante du XXe siècle". Ce fils de kolkhoziens (travailleurs d'une ferme collective) de la région de Smolensk, l'une des plus dévastées par l'avancée allemande, avait tout pour plaire : communiste convaincu, héros modeste, belle prestance, souriant sans l'être trop.

Sa mort mystérieuse et tragique, aux commandes de son MIG, le 27 mars 1968, lui conféra un statut d'icône. En URSS, son nom fut donné à des rues, mais aussi à un astéroïde et à un cratère sur la Lune. A Moscou, l'immense statue de la place Gagarine l'immortalise en "homme fusée", les bras le long du corps, prêt à décoller.

Voilà pour le décor. Il y avait un envers. Avant le lancement, les chances de réussite de Gagarine avaient été estimées à 50 %. L'astronaute le savait. Deux jours avant le vol, il avait écrit une lettre à sa femme : "J'ai confiance en la technique, elle ne devrait pas faillir, mais il arrive que des pilotes tombent et se cassent le cou. Cela pourrait m'arriver à moi aussi. Si c'est le cas, Valiouchka, ne soit pas trop triste ! La vie n'est pas garantie, on peut mourir aussi bien écrasé par une voiture..." De son côté, la direction soviétique s'attendait à tout. Trois communiqués avaient été préparés à l'avance : l'un en cas de victoire, l'autre en cas d'échec, le troisième au cas où la capsule aurait atterri sur le territoire d'un pays étranger.

Marie Jégo (Lettre de Russie)

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