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Les 24 heures du Mans

The 24 hours of Le Mans

Samedi à 15 heures, le départ sera donné aux 24 Heures du Mans. Cette année la course, qui fête ses 79 ans et elle reste un rendez-vous incontournable du sport automobile.

Comment définir l'esprit des 24 Heures du Mans ?

C'est la durée de cette course qui l'a rendue mythique. C'est le désir de tous de franchir la nuit. Il y a quelque chose de profondément psychologique dans l'amour que tout le monde porte à cet événement. Pour les spectateurs comme pour les pilotes le challenge est le même : aller au bout de ses forces, tenir toute la nuit. C'est une course vraiment inédite, une vraie aventure humaine : 7 000 personnes travaillent sur l'événement, dont 4000 bénévoles.

Pour quelle raison cette course a-t-elle été inventée, il y a presque quatre-vingts ans ?

En 1922, le redacteur en chef du journal L'Auto, devenu ensuite L'Equipe, a fait une enquête de satisfaction dans les colonnes de sa revue pour demander aux conducteurs lambda ce qu'ils attendaient de leur voiture. Il s'est dégagé de cette enquête qu'ils espéraient qu'on puisse démontrer la qualité des véhicules et de leur équipement. C'est ainsi qu'en 1923, on a décidé de créer une course de vingt-quatre heures.

La course était donc conçue au départ comme un lieu d'innovation technologique. A-t-elle conservé ce trait de caractère à travers les années ?

Absolument. Un grand nombre d'innovations technologiques qui appartiennent désormais à la voiture de monsieur Tout-le-Monde sont nées ici. La plus marquante, c'est l'apparition des freins à disque dans les années 1950, grâce à Jaguar. Grâce à cette course, nos voitures sont devenues plus stables, plus fiables, plus sûres. C'est aussi vrai en ce qui concerne les routes : la fameuse ligne droite des Hunaudières est le laboratoire national des ponts et chaussées depuis 1932 et l'année suivante, la première ligne jaune, l'axe médian des routes, est née aux 24 Heures du Mans !

Et cette année ?

On est arrivés à un degré de fiabilité incroyable sur le diesel, dont le rendement est presque équivalent à celui de l'essence. Cette année, sportivement, la course opposera deux titans de la technologie automobile, Peugeot et Audi, qui maîtrisent à la perfection le moteur Diesel. Il faut se souvenir qu'il y a six ou sept ans, pour l'homme de la rue, le diesel était synonyme de voiture économique. En peu de temps, on en a fait des bolides extraordinaires. Cette évolution va bénéficier très rapidement aux diesel utilitaires, que l'on a tous.

Rester un banc d'essai, c'est la garantie de la survie de la compétition. Avec la pénurie de carburant fossile, il va falloir trouver une solution bénéfique pour tout le monde. Il est indispensable que nous, qui avons toujours été à l'avant-garde, nous préoccupions de ce que sera la voiture de demain. Dès l'année prochaine, il devrait y avoir, au départ de la course, au moins une voiture avec un mode de fonctionnement différent, électrique ou à l'hydrogène.

Cette course a souvent attiré de grands pilotes…

Sur la carte de visite d'un pilote de renom, les 24 Heures du Mans, ça pèse aussi lourd qu'un titre de Formule 1. C'est pour cela que tous les grands pilotes sont passés par ici, même si c'est un peu moins le cas ces dernières années. La Formule 1 et l'endurance sont deux disciplines assez distantes l'une de l'autre. Mais il fut une époque où les pilotes de Grands Prix et des 24 Heures du Mans étaient les mêmes ! Surtout, il y avait une trilogie magique, les trois événements majeurs du sport automobile : le Grand Prix de Monaco, les 500 Miles d’Indianapolis et les 24 Heures du Mans. Et il n'y a que le Britannique Graham Hill à avoir remporté les trois.

Entre 250 000 et 300 000 spectateurs sont attendus cette année. Comment expliquer un tel succès ?

Cet événement est une espèce de grande kermesse populaire, qui a su respecter la tradition. Personne ne peut regarder la course pendant vingt-quatre heures et les organisateurs ont dû se montrer inventifs pour occuper les spectateurs. Il y a la fête foraine, un village où on peut trouver tout ce qui se vend sur la planète, des campings... C'est une grande fête permanente !

Les 24 Heures du Mans, c'est aussi un événement "people". Beaucoup de célébrités viennent se balader devant les centres de ravitaillement. L'allée des stands, c'est comme les planches de Deauville ! C'est l'endroit où il faut être. Et puis, 2 200 journalistes sont présents, venus de quarante et un pays !

Propos recueillis par Imanol Corcostegui  Le Monde 10.06.11