Textes des chansons de Brassens
Hécatombe
Au marché de Brive-la-Gaillarde, A propos de bottes d'oignons
Quelques douzaines de gaillardes, Se crêpaient un jour le chignon
A pied, à cheval, en voiture, Les gendarmes mal inspirés
Vinrent pour tenter l'aventure, D'interrompre l'échauffourée.
Or, sous tous les cieux sans vergogne, C'est un usage bien établi
Dès qu'il s'agit d'rosser les cognes, Tout le monde se réconcilie
Ces furies perdant toute mesure, Se ruèrent sur les guignols
Et donnèrent je vous l'assure, Un spectacle assez croquignole.
En voyant ces braves pandores, Être à deux doigts de succomber
Moi, j'bichais car je les adore, Sous la forme de machabées
De la mansarde où je réside, J'excitais les farouches bras
Des mégères gendarmicides, En criant : « Hip, hip, hip, hourra ! »
Frénétique l'une d'elles attache, Le vieux maréchal des logis
Et lui fait crier : « Mort aux vaches, Mort aux lois, vive l'anarchie ! »
Une autre fourre avec rudesse, Le crâne d'un de ces lourdauds
Entre ses gigantesques fesses, Qu'elle serre comme un étau.
La plus grasse de ces femelles, Ouvrant son corsage dilaté
Matraque à grands coups de mamelles, Ceux qui passent à sa portée
Ils tombent, tombent, tombent, tombent, Et s'lon les avis compétents
Il paraît que cette hécatombe, Fut la plus belle de tous les temps.
Jugeant enfin que leurs victimes, Avaient eu leur content de gnions
Ces furies, comme outrage ultime, En retournant à leurs oignons
Ces furies, à peine si j'ose, Le dire tellement c'est bas
Leur auraient même coupé les choses, Par bonheur ils n'en avaient pas
Leur auraient même coupé les choses, Par bonheur ils n'en avaient pas.
Le Gorille: "Le Gorille," was Georges Brassens’ first single. It was released at the end of 1952. It caused controversy and was banned from French radio until 1955. Some attribute this to its strong anti-death penalty stance, but it was probably more the detail of Brassens’ scandalous tale, which some found, not without reason, pornographic.
http://www.youtube.com/watch?v=_2fghLXlBh0&feature=player_embedded
Le Gorille
C'est à travers de larges grilles
Que les femelles du canton
Contemplaient un puissant gorille
Sans souci du qu'en-dira-t-on.
Avec impudeur, ces commères
Lorgnaient même un endroit précis
Que, rigoureusement ma mère
M'a défendu de nommer ici...
Gare au gorille !...
Un jour la porte de la prison bien close
Où vivait le bel animal
S'ouvre, on n'sait pourquoi. Je suppose
Qu'on avait du la fermer mal.
Le singe, en sortant de sa cage
Dit "C'est aujourd'hui que j'le perds !"
Il parlait de son pucelage
Vous aviez deviné, j'espère !
Gare au gorille !...
L'patron de la ménagerie
Criait, éperdu : "Nom de nom !
C'est assommant car le gorille
N'a jamais connu de guenon !"
Dès que la féminine engeance
Sut que le singe était puceau
Au lieu de profiter de la chance
Elle fit feu des deux fuseaux !
Gare au gorille !...
Celles là même qui, naguère
Le couvaient d'un oeil décidé
Fuirent, prouvant qu'elles n'avaient guère
De la suite dans les idées ;
D'autant plus vaine était leur crainte
Que le gorille est un luron
Supérieur à l'homme dans l'étreinte
Bien des femmes vous le diront !
Gare au gorille !...
Tout le monde se précipite
Hors d'atteinte du singe en rut
Sauf une vielle décrépite
Et un jeune juge en bois brut;
Voyant que toutes se dérobent
Le quadrumane accéléra
Son dandinement vers les robes
De la vieille et du magistrat !
Gare au gorille !...
"Bah ! soupirait la centenaire
Qu'on puisse encore me désirer
Ce serait extraordinaire
Et, pour tout dire, inespéré !" ;
Le juge pensait, impassible
"Qu'on me prenne pour une guenon
C'est complètement impossible..."
La suite lui prouva que non !
Gare au gorille !...
Supposez que l'un de vous puisse être
Comme le singe, obligé de
Violer un juge ou une ancêtre
Lequel choisirait-il des deux ?
Qu'une alternative pareille
Un de ces quatres jours, m'échoie
C'est, j'en suis convaincu, la vieille
Qui sera l'objet de mon choix !
Gare au gorille !...
Mais, par malheur, si le gorille
Aux jeux de l'amour vaut son prix
On sait qu'en revanche il ne brille
Ni par le goût, ni par l'esprit.
Lors, au lieu d'opter pour la vieille
Comme l'aurait fait n'importe qui
Il saisit le juge à l'oreille
Et l'entraîna dans un maquis !
Gare au gorille !...
La suite serait délectable
Malheureusement, je ne peux
Pas la dire, et c'est regrettable
Ca nous aurait fait rire un peu ;
Car le juge, au moment suprême
Criait : "Maman !", pleurait beaucoup
Comme l'homme auquel, le jour même
Il avait fait trancher le cou.
Gare au gorille !...
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