Un film de jeunesse d'Hitchcock
An early Hitchcock film
Un film de jeunesse d'Alfred Hitchcock découvert en Nouvelle-Zélande
Ce sont trois bobines de mélodrame "à l'atmosphère sauvage" qui viennent de refaire surface et qui mettent en émoi la planète des admirateurs d'Alfred Hitchcock, le maître britannique du suspens. Les Archives nationales du film de Nouvelle-Zélande ont annoncé mercredi 3 juillet avoir tiré d'un vieil amas de pellicules une œuvre de jeunesse du maître – un film muet de 1923, dans la production duquel il aurait assumé les rôles de scénariste, décorateur, monteur et assistant au réalisateur.
The White Shadow ("l'ombre blanche") est l'un des premiers films auxquels a participé le jeune Hitchcock, 24 ans alors. Il est signé par son compatriote Graham Cutts. Les Archives du film néo-zélandaises (situées à quelque 19 000 km de Londres et 10 800 km de Hollywood) affirment qu'il s'agit de la seule copie conservée – la seule demie-copie, en réalité : il manque trois autres bobines, dont on ignore si elles seront retrouvées un jour. Selon les archivistes, le scénario imaginé par le jeune Hitchcock suit l'histoire de deux sœurs, l'une angélique et l'autre sans foi ni loi.
LA COLLECTION D'UN OBSCUR PROJECTIONNISTE
David Sterritt, le président dela Societe nationale americaine des critiques de films, loue cette trouvaille, selon lui l'une des "plus significatives pour les chercheurs, les critiques et les admirateurs de l'oeuvre extraordinaire d'Hitchcock". M. Sterritt ajoute que "ces trois premières bobines de The White Shadow, soit plus de la moitié du film, présentent une occasion unique d'etudier ses idées narratives et visuelles alors même qu'elles prenaient forme."
Les bobines avaient été conservées par un obscur projectionniste, Jack Murtagh, actif sur l'île de Hastings, au nord de la Nouvelle-Zélande, durant la première moitié du XXe siècle. A sa mort, en 1993, quantité de pellicules de films muets qu'il avait accumulées ont été données aux archives du pays. Celles-ci y avaient déjà dégoté un chef d'œuvre : un film de l'Américain John Ford donné pour disparu, Upstream.
Dans les années 1920, les cinémas étaient supposés détruire les films à la fin de la période de diffusion mais le projectionniste les avait conservés dans un abri, dans son jardin. Les archives néo-zélandaises s'attachent depuis 18 ans à sauver la collection du projectionniste, très fragile car les films étaient alors fabriqués sur une pellicule à base de nitrate, extrêmement inflammable.
LEMONDE.FR | 04.08.11 |
