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Quel vin pour célébrer un pape argentin ?

What wine for an Argentian Pope?

 

Habemus papam ! Bibemus vinum !

Vous souhaitez fêter "viniquement" l'élection du pape François ? Deux solutions s'offrent principalement à vous.

Quitte à baragouiner latin, autant boire du vin romain : ne vous emballez pas, les Romains n'ont pas inventé le vin. Des archéologues ont retrouvé des amas de pépins datant d’environ 6 000 ans avant Jésus-Christ dans des cavernes du Caucase et de la Mésopotamie. Pas sûr, qu'ils savaient déjà maîtriser la fermentation, néanmoins. Mais les Egyptiens, eux, savaient déjà presque tout : leurs jarres portant des inscriptions d'origine et de millésime, ils distinguaient déjà les productions de différents vignobles et savaient faire vieillir le vin.

Revenons à nos Romains. Ils ont, ni plus ni moins, élevé le vin au rang de l’art. On le déguste, on le raconte, on l’échange, on le fait vieillir durant des décennies. Grâce à eux, la viticulture devient une ressource économique majeure et se développe dans tout l’Empire. Les récits d’époque sont si fournis qu’ils permettent de dessiner une carte de la répartition des vignobles en l’an 100. La surprise est immense : elle ressemble à nos cartes actuelles ! Les régions aujourd’hui appelées Grèce, Bulgarie, Italie, France, Espagne (quoiqu’en moindre quantité pour cette dernière) produisent du vin. Dans ce qui sera la France, la vigne prospère déjà le long de la Loire, à l’embouchure de la Gironde, dans le Languedoc, en Provence, dans la vallée du Rhône et en Bourgogne ! Chacune de ces régions se dispute d’ailleurs le privilège d’avoir été la première implantée par ces Romains. Pour boire "romain", vous pouvez donc tenter le vin de presque n'importe quelle région !

Mais à quoi ressemblait le vin romain ? Comme dans la Grèce antique, il était coutumier d'y ajouter de l’eau de mer. Non pour noyer le vin, mais parce que le sel est un exhausteur de goût. Surtout, les vins romains devaient ressembler au madère actuel : le vin était alors chauffé et conservé au-dessus du foyer. Pour résumer, buvez un bon madère avec du sel.

On reste fidèle à la nation d'origine de Jorge Mario Bergoglio : on boit argentin ! C'est quand même le 5e producteur mondial de vin. Contrairement au Chili, où les vignes sont rafraîchies par les brises du Pacifique, les vins ont chaud en Argentine. Heureusement, les vallées de la Cordillère accueillent la grande majorité des vignes à quelque 900 m d'altitude, offrant ainsi au raisin un peu de vivacité. Mais globalement, s'il fait plus frais en hauteur, le soleil tape toujours dur et le style argentin reste rond, mûr, riche. La principale région viticole est le Mendoza, autour de la ville du même nom située dans le centre du pays. Pour trouver des blancs nets et tranchants, il faut aller dans le sud du pays, en Patagonie, dans la région du Río Negro ou de Neuquén. Sinon, allez au nord, dans le Cafayate autour de Salta, les rouges y sont plus parfumés et les blancs, fleuris comme une prairie.

Le cépage roi y est le malbec, un raisin noir qui s'épanouit à travers des vins soyeux, riches en alcool, au nez d'épices, de prune et de chocolat. Côté blanc, c'est le torrontés aux notes musquées, un cépage local, qui séduit. Pays du Nouveau Monde oblige, on retrouvera les increvables cabernet-sauvignon, syrah et un chardonnay obèse pour l'occasion. Ainsi qu'une foule de cépages méditerranéens, sangiovese et barbera italiens, tempranillo espagnol.

C'est pas le tout, mais on boit quoi, en somme ? La bonne nouvelle, c'est que le rapport qualité-prix des vins argentins peut filer la banane ; le pape François n'est pas l'ami des pauvres pour rien.

- Un Malbec, Catena Zapata. C'est un incontournable, Nicolas Catena Zapata est l'un des plus importants producteurs du pays. Son vin est gorgé de fruits noirs, tabac, café, chocolat. Et on retrouve des tanins légèrement sucrés très typiques du pays (env. 12 €).

-  Un Alamos Torrontes, Catena. Même maison, un vin blanc du cépage blanc local, fleuri (env. 9 €).

- Elsa, un cabernet-sauvignon du Mendoza qui sent la fraise et la pinède, velouté (env. 12 €).

- Ciclos Merlot/Malbec, Michel Torino, Bodega El Esteco. Ce vin du Cafayate fait penser, avec son assemblage, à un cahors revu et corrigé par le Nouveau Monde. Sympatoche (env. 12 €).

- Cheval des Andes. Ce vin, né de l’association entre Terrazas de los Andes et Cheval Blanc, est l'un des plus réputés du pays. Mais pour le boire, il faut vraiment adorer le nouveau pape, avoir des sous plein les poches ou une sacrée envie de frimer (env. 80 €).

Toutes les autres idées (et elles sont nombreuses) sont évidemment les bienvenues dans vos commentaires.