La liaison d'Edouard VIII
Edward VIII's Liaison
LONDRES (Reuters) - Le roi Edouard VIII, resté dans l'Histoire pour avoir renoncé au trône en 1936 afin d'épouser sa maîtresse Wallis Simpson, une Américaine divorcée, avait déjà eu auparavant une liaison sulfureuse qui aurait pu faire trembler la monarchie britannique.
Un nouveau livre de l'avocat et ancien juge britannique Andrew Rose révèle la liaison du futur roi d'Angleterre avec l'aventurière française Marguerite Alibert, dite Maggie Meller, vingt ans avant son abdication.
La Française est célèbre pour avoir été acquittée à Londres du meurtre de son mari, le prince égyptien Ali Kamel Fahmy Bey, mais ses relations avec le futur - et éphémère - roi Edouard n'avaient pas été révélées à l'époque.
"The Prince, the Princess et The Perfect Murder" raconte comment Maggie Meller, premier grand amour de celui qui n'était alors que prince de Galles, l'a fait chanter pour échapper à la potence après le meurtre de son mari, abattu d'un coup de pistolet dans une suite du mythique hôtel Savoy de Londres en 1923.
Malgré les preuves qui l'accablaient, Marguerite Alibert fut acquittée lors d'un procès à sensation la même année.
Six ans avant son procès, la Française avait eu une liaison avec le prince de Galles. Ce sont les preuves de cette liaison qu'elle a utilisées pour forcer la Maison royale à la couvrir et éviter le scandale, raconte Andrew Rose à Reuters.
"Cette affaire a été soigneusement maquillée de sorte qu'on ne puisse jamais faire le lien entre le meurtre et le prince de Galles", explique l'ancien juge dont le livre sert de base à un documentaire qui sera diffusé ce mois-ci sur Channel 4.
"La Maison royale a pris des mesures pour faire en sorte que le nom du prince ne soit pas prononcé pendant le procès pour protéger la réputation du futur roi. C'est stupéfiant qu'elle s'en soit sortie", ajoute-t-il.
Andrew Rose avait déjà écrit sur le procès de l'aventurière française dans "Scandal at the Savoy", paru en 1991. La personnalité de cette femme en robe Chanel qui assassine son deuxième mari et réussit à convaincre la cour qu'elle a agi en état de légitime défense face à un homme violent l'avait fasciné.
LETTRES D'AMOUR
Après la sortie de ce premier livre sur Maggie Meller, le petit-fils de cette dernière a contacté Andrew Rose pour lui révéler la liaison de sa grand-mère avec le futur Edouard VIII, lui parler des lettres d'amour échangées par les deux amants et des Mémoires que la Française avait écrits en 1934.
Andrew Rose explique qu'il lui a fallu plusieurs années pour démêler l'écheveau de cette liaison. Il a dû fouiller dans les archives non publiées de la Couronne et demander l'ouverture de collections privées. Il a aussi suivi la piste de documents détruits.
Le juge-écrivain, désormais mieux informé, explique que l'entourage du prince Edouard a tout de suite négocié avec Maggie Meller après son arrestation. Le plus important était qu'elle restitue les lettres du prince qu'elle avait conservées au Caire et qu'elle s'engage à ne jamais mentionner le nom de son ancien amant pendant le procès.
En échange, son passé mouvementé n'a pas été mentionné lors du procès, les juges mettant l'accent sur la nature violente et les penchants sexuels particuliers de son mari.
"En fait, ce fut un procès de façade", commente Andrew Rose. "Les autorités voulaient l'acquittement de Marguerite. Une condamnation pour meurtre aurait été catastrophique pour la Couronne."
Libérée, Maggie Meller rentra en France. Elle passa le reste de sa vie à Paris. Elle est décédée en 1971. Le prince Edouard mourut un an plus tard.
Sa relation avec la Française apparaît comme une surprise malgré une réputation bien établie de coureur de jupons.
"Il était immature d'un point de vue émotionnel et irresponsable dans sa vie privée (...) mais il avait énormément de charme", commente Andrew Rose.
"On peut être accessible et amusant mais aussi névrosé, égocentrique et peu fiable. Il a passé son temps à chasser les femmes, il a eu toute une série de liaisons et a toujours été particulièrement sensible aux femmes de pouvoir."
Par Belinda Goldsmith
Danielle Rouquié pour le service français, édité par Guy Kerivel