Malala Yousafzaï
Prix Nobel de la paix 2013
La jeune Pakistanaise Malala Yousafzaï obtient le prix Sakharov
Déjà en lice pour le prix Nobel de la paix 2013, la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai s'est vue honorée, jeudi 10 octobre, par le prestigieux Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit du Parlement européen. Cette jeune Pachtoune, qui dit s'inspirer des combats menés par Martin Luther King et Nelson Mandela, est devenue depuis 2009 le fer de lance du combat pour l'éducation des filles au Pakistan. Elle a été préférée à l'Américain Edward Snowden, auteur des révélations sur la surveillance électronique mondiale effectuée par les Etats-Unis, et à des opposants bélarusses emprisonnés.
Aujourd'hui âgée de 16 ans, Malala Yousafzai veut consacrer sa vie à ce combat."Plus tard, je serai une femme politique. Je veux changer l'avenir de mon pays étendre l'éducation obligatoire", a-t-elle confié, le 7 octobre, à la BBC. Une vie qu'elle raconte dans un livre paru mardi 8 octobre et dont des extraits ont été publiés par le Sunday Times.
LE COMBAT POUR L'ÉDUCATION DES FILLES
Malala Yousafzai n'a que onze ans quand elle devient célèbre en signant, sous le pseudonyme Gul Makai, le blog en ourdou "Journal d'une écolière pakistanaise"(extraits en anglais) sur le site Internet de la chaîne britannique BBC. La jeune Pachtoune y dénonce les violences commises par les talibans qui, après avoir pris le contrôle de la vallée de Swat au nord-ouest du Pakistan en 2007, incendient les écoles pour filles et assassinent leurs opposants dans la région. Tout comme son père Ziauddin, militant anti- taliban qui préside une association de 500 écoles privées dans la vallée, Malala fait de l'éducation pour les filles son combat. Après avoir détruit plus de 150 écoles dans la vallée en 2008, les talibans avaient édicté en janvier 2009 un décret religieux interdisant l'école aux filles.
A la veille du dernier jour d'école avant les vacances, le 14 janvier 2009, Malala écrivait : "Cette fois-ci, les filles ne sont pas très enjouées à l'annonce des vacances car elles savent que si les talibans appliquent leur décret, elles ne pourront plus retourner à l'école. Certaines filles étaient optimistes quant à une réouverture de l'école en février, mais d'autres ont dit que leurs parents avaient décidé de quitter la vallée de Swat et d'aller s'installer dans d'autres villes pour leur offrir une éducation."
A l'instar de nombreuses familles de la région, Malala et ses parents ont quitté la vallée et n'y étaient revenus que quelques mois plus tard..
LES REPRÉSAILLES DES TALIBANS
Devenue "la face progressive de Swat", Malala reçoit en 2011 le premier prix national pour la paix créé par le gouvernement pakistanais. Mais cette nouvelle notoriété en fait une cible pour les talibans. Le 9 octobre 2012, Malala Yousufzai est blessée par balle à Mingora, principale ville de la vallée de Swat, par des hommes armés qui ont stoppé le bus scolaire dans lequel elle circulait.
L'adolescente, touchée à l'épaule et à la tête, est transférée le 15 octobre au Queen Elizabeth Hospital de Birmingham, un établissement spécialisé dans le traitement des soldats britanniques blessés en Afghanistan.
Transférée au Royaume-Uni, Malala Yousafzai a été opérée avec succès à Birmingham, où elle réside et où elle est scolarisée depuis mars. "Ça a été difficile de s'adapter à une culture et une société nouvelles, surtout pour ma mère, car on n'avait jamais vu des femmes aussi libres, libres d'aller sur n'importe quel marché, seules, sans frère ou père pour les accompagner", raconte-t-elle.
Son premier discours en public, elle le prononce à New York devant l'Assemblée générale des Nations unies, le jour de ses 16 ans.
"Les extrémistes ont peur des livres et des stylos. Le pouvoir de l'éducation les effraie", a déclaré la jeune fille. Accueillie par des applaudissements, Malala a lancé un appel aux gouvernements "à assurer une éducation libre et obligatoire à chaque enfant dans le monde". "Un enfant, un enseignant, un livre et un stylo peuvent changer le monde", a-t-elle clamé devant ses parents émus.