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les jeux olympiques 1796

 

En cette fin du XVIIIe siècle, l'antique est à la mode et ne fera qu'influencer davantage les arts comme les esprits. On redécouvre la vertu romaine, on relit les pensées des pères fondateurs, on s'imprègne de l'exemple des anciens... Tous ces grands principes politiques et moraux sont nourris par la découverte et l'exhumation de ruines, en Italie comme en Grèce, notamment à Olympie. La geste révolutionnaire française ne pouvait que s'emparer de ces symboles pour encourager la renaissance physique de l'homme moderne, du citoyen français, chargé de régénérer la patrie. La Révolution, qui raffole des fêtes, trouve dans l'évocation de ces jeux anciens l'occasion d'unifier le peuple autour de valeurs communes.

C'est au député montagnard Gilbert Romme que l'on doit ce curieux projet de rétablir une olympiade, pour célébrer les premières quatre années de la nouvelle République. Les Américains y avaient bien pensé, mais ils se font coiffer au poteau, si l'on peut dire... "Les jeux publics que vous instituerez les rapprocheront de l'olympiade des Grecs !" s'exclame Romme devant les députés emballés. Dans la foulée, pour commémorer les anciens Jeux olympiques, Danton exige que "la Convention consacre le Champ-de-Mars aux jeux nationaux". On propose d'ores et déjà de retenir la date du 22 septembre 1796.

Le jour dit, une foule compacte et enthousiaste se presse donc sur le Champ-de-Mars pour acclamer les héros du jour. Pas de compétition internationale à l'époque - la France est encore en guerre avec certaines de ses voisines monarchistes -, mais des épreuves réunissant des citoyens français venus mesurer leurs capacités. Plus de 150 000 Parisiens, un chiffre considérable pour l'époque, se pressent pour assister à plusieurs épreuves sur la grande esplanade complètement réaménagée pour l'occasion.

Luttes et courses de chars

Près de l'école militaire, des piquets et des cordons tricolores pour les courses à pied ainsi qu'un stade dédié aux courses de chars. Vers la Seine, une vaste arène pour la lutte et un bassin pour les joutes. Entre les deux zones, des portiques composés d'élégantes arcades. Les compétiteurs s'avancent au son des trompettes, vêtus de blanc, avec des ceintures rouges ou bleues. Pendant les épreuves, un orchestre exécute des airs guerriers et salue les victoires successives. La lutte est remportée par un certain Charles-Pierre Oriot, un boucher de 33 ans demeurant rue de la Grande-Truanderie. Cent cinquante citoyens disputent également la course d'endurance que domine la foulée décisive du sergent-major Michel Villemereux, 21 ans.

Puis suivent les courses à cheval et les courses de chars à l'antique, dans le stade avec tribunes spécialement conçu sur la grande prairie. Le vainqueur est porté en triomphe vers l'autel de la patrie, où se trouvent déjà les autres héros du jour. Que gagne-t-on dans ces olympiades ? Pas de médailles, mais des prix d'excellence, composés des plus beaux objets de la manufacture française de l'époque, portés devant la foule sur des brancards ornés de verdure : vase, fontaine, sucrière en argent, mais aussi un double fusil, une montre à répétition en diamants, une paire de pistolets, un sabre enrichi d'or, etc. Les festivités sont rythmées, comme il se doit, par de grands banquets servis sous des tentes sur les bas-côtés, avec de nombreux toasts portés, on s'en doute, à la jeune République.

Ces olympiades, qui durent deux ou trois jours, se dérouleront trois années de suite, en septembre 1796, 1797 et 1798, et verront pour la première fois l'utilisation du chronométrage et du système métrique, tout juste adopté. Devant le succès des festivités, un lecteur de la gazette Le Moniteur appelle à la création de véritables Jeux olympiques, rassemblant cette fois des sportifs de toute l'Europe. Mais la Révolution s'enlise, l'Empire s'affirme, les guerres reprennent... L'ère n'est pas aux festivités internationales ni à la fraternisation des peuples. L'idée est cependant lancée, elle sera reprise par un idéaliste, 100 ans plus tard : le Français Pierre de Coubertin. Cette fois, les vrais JO vont pouvoir commencer.

Le Point.fr - Publié le 26/07/2012

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